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Le cinéma luxembourgeois, secteur en pleine crise de croissance


Le prestige d'un prix certes, mais les spécialistes le savent : toute l'industrie européenne est subventionnée et ne vit en très grande partie que grâce à des aides financières. (illustration Hervé Montaigu)

En 2017, le Fonds national de soutien à la production audiovisuelle a alloué plus de 30 millions d’euros en aides financières sélectives. Mais c’est dans une ambiance assez tendue, au Casino Luxembourg, que le Film Fund Luxembourg a présenté son rapport.

Une semaine après la fête du Lëtzebuerger Filmpräis, la réalité du secteur a repris le dessus avec, d’un côté, des producteurs qui demandent plus de moyens pour faire tourner le secteur d’activité et, de l’autre, de plus en plus de critiques sur ces sommes conséquentes allouées, sur le fonctionnement et la transparence, ou son absence, du fonds, de son comité de sélection – le président actuel, le journaliste Jean-Louis Scheffen, a d’ailleurs annoncé son départ –, etc.

Les spécialistes le savent : toute l’industrie cinématographique européenne est subventionnée et ne vit en très grande partie que grâce à des aides financières. C’est la seule manière de contrer, autant que faire se peut, la domination hollywoodienne sur le 7e art mondial. Le Luxembourg ne fait pas exception. Le Fonspa a ainsi distribué 30 108 292 euros, pour l’exactitude, entre aides à la production, aides à l’écriture et au développement et aides à la promotion. Une somme partagée entre 64 projets sélectionnés sur les 119 présentés par les producteurs.

Faire plus, faire mieux

Avec les 50 millions demandés par les producteurs, on pourrait faire plus, faire mieux. Mais le directeur du Film Fund le rappelle : «Ce n’est pas à moi de décider. C’est au ministre de tutelle.» Autrement dit, jusqu’aux élections du moins, à Xavier Bettel, aussi bien ministre de la Culture que des Communications. Ministre qui ne s’est, pour l’heure, pas exprimé sur le sujet.

Mais au-delà des chiffres et des polémiques, il y a ce secteur audiovisuel grand-ducal qui en un peu plus d’une vingtaine d’années s’est structuré, emploie des centaines de personnes et a su se faire un nom grâce à la réussite de ses films, de plus en plus sélectionnés, voire primés à des festivals internationaux de renom. Sundance, Berlin, Toronto, Tokyo, Palm Spring, Sarrebruck… Festival international du Film d’animation d’Annecy, Trophées francophones du cinéma, European Film Awards, European Animation Awards, Filmpreis autrichiens, Magritte belges, etc.; tous ont vu une ou plusieurs coproductions grand-ducales sélectionnées. Et le rythme n’a pas ralenti en 2018 !

En d’autres termes, le secteur est peut-être en pleine crise de croissance. Mais a démontré, en 2017, que ces 30 millions n’étaient pas jetés par les fenêtres.

Pablo Chimienti

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