La « no go zone » de la capitale

C’est un étrange ballet qui se déroule quotidiennement entre la gare centrale de Luxembourg et le tout début de la route de Thionville. Un ballet qui fait peur, qui donne des airs de fin du monde ou d’un épisode de Walking Dead.

Autour de l’ASBL Abrigado, des corps se meuvent avec difficulté sur une large étendue de terre et de pelouse quand d’autres sont adossés aux immeubles les plus proches, sans parler des nombreux déchets traînant sur le trottoir. De loin, cette «no go zone» est effrayante. Très peu de résidents utilisent ce trottoir pour rallier la gare à Bonnevoie et de toute façon il est plus pratique de prendre la passerelle pour s’y rendre. La seule façon de croiser ces âmes en peine est d’y passer en voiture. En quelques secondes, l’endroit repousse, même s’il interroge, surtout les nouveaux résidents découvrant ce spectacle.

Qui sont ces personnes, que font-elles à dormir sur le trottoir, pourquoi ressemblent-elles à des zombies ? Ce sont les questions que se posent les personnes qui ne connaissent pas l’endroit, la «Fixerstuff» (qui pour rappel est un centre venant en aide aux toxicomanes et les prend en charge), et qui pensaient également, à tort, qu’un pays comme le Luxembourg, un des pays les plus riches du monde ne connaissait pas ce type de problème.

Après quelques explications, les nouveaux résidents comprennent la situation mais sont tiraillés. D’un côté, savoir que les toxicomanes sont encadrés et traînent uniquement de ce côté de la ville rassure. De l’autre, ils ne comprennent pas comment les autorités peuvent laisser cet endroit dans un tel état de délabrement. Un état presque honteux pour une ville comme Luxembourg qui n’hésite pas à dépenser deux millions d’euros pour un skate-park.

Effectivement les autorités soutiennent financièrement des associations et des structures aidant les sans-abri et les toxicomanes, mais l’argent ne fait pas tout. Il faut également se donner les moyens d’élaborer un vrai projet dans un lieu propre et apaisant pour aider les personnes fragiles et non pas les cantonner entre une sortie d’autoroute et un terrain vague en espérant ne pas les voir traîner dans les belles rues propres de la capitale.

Jeremy Zabatta