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Le marché pétrolier luxembourgeois se porte bien


Les recettes et taxes divers sur le carburant ont rapporté 1 milliard d'euros en 2017 ( Photo d'illustration : Didier Sylvestre)

L’année dernière a été une bonne année pour le marché pétrolier luxembourgeois, même si le secteur n’arrive toujours pas à retrouver ses niveaux de ventes de la dernière décennie.

Le Groupement pétrolier luxembourgeois (GPL) a présenté hier un état des lieux du secteur pétrolier luxembourgeois qui emploie environ 2 600 personnes, dont 2 200 dans les 239 stations-services que compte le Grand-Duché.
En premier lieu, Romain Hoffmann, le président du GPL, a rappelé qu’en 2017 «les recettes des taxes sur les carburants ont rapporté environ 1 milliard d’euros à l’État». Notons que les taxes en question (accises, TVA et droits de concession sur les ventes de carburant) représentent environ 50 % du prix des carburants, ce qui signifie que les professionnels du secteur ont également engrangé 1 milliard d’euros dans leurs caisses. «On peut effectivement voir les choses comme cela, mais à la différence de l’État, les professionnels doivent encore déduire tous les frais comme le transport et la logistique, les investissements et l’entretien des infrastructures, le personnel, etc. Au final, la marge des professionnels reste très faible», a précisé Paul Kaiser, le vice-président du GPL.

Le kérosène en hausse
En effet, contrairement à ce que l’on pourrait croire, le marché pétrolier luxembourgeois n’est pas aussi porteur qu’auparavant, il est même en régression depuis 2012. Sans tirer la sonnette d’alarme, Romain Hoffmann a souligné que «le marché pétrolier a connu en 2017 une légère tendance à la hausse. Les ventes de carburants routiers, c’est-à-dire l’essence et le diesel, ont progressé de 4,9 % sur un an, mais restent nettement inférieures aux niveaux atteints lors de l’année de référence 2005». Depuis 2005, les ventes de carburants routiers ont baissé de 12,2 %. Les causes sont multiples, allant, entre autres, de l’éclosion lente des motorisations alternatives aux voitures de moins en moins gourmandes en carburant.
Plus précisément, en 2017, 307 444 tonnes métriques d’essence (1 tonne métrique égale 1 325 litres) ont été vendues, alors qu’en 2005 le GPL avait enregistré 486 139 tonnes métriques d’essence (le record étant de 581 804 tonnes métriques d’essence en 2000). Même constat pour le diesel, qui affiche 1 681 068 tonnes métriques vendues en 2017 contre 1 785 357 en 2005.
Concernant le mazout, les ventes ont baissé de 1,8 % sur un an et de 23 % depuis 2005. Seul le kérosène affiche des résultats en nette hausse avec +12,9 % sur un an et +33,2 % depuis 2005. «La performance du kérosène est à mettre en relation avec l’activité à l’aéroport du Findel», a indiqué Romain Hoffmann.
Régulièrement, la question du tourisme à la pompe refait surface au Luxembourg. Le président du GPL a rappelé qu’une récente étude commandée par le gouvernement avait estimé que «10 % des achats de carburant au Luxembourg sont effectués par des résidents étrangers se rendant au Luxembourg uniquement pour y faire le plein. Et si je ne me trompe pas, les achats des frontaliers représentaient 10 à 20 % des ventes.»

L’essence 95 E10 arrive en 2019
«Donc quand on parle de nuisances du tourisme à la pompe, il faut nuancer le propos. Car si des mesures sont prises pour limiter ce type de tourisme, il faut comprendre que le trafic routier et ses nuisances resteront et que l’État et le secteur gagneront moins», a précisé Paul Kaiser, vice-président du GPL.
De manière générale, le GPL pense que les carburants fossiles resteront encore dominants durant la prochaine décennie, même si le secteur pétrolier semble avoir dépassé son zénith en Europe en termes de volume de produits distribué. D’ailleurs, les produits pétroliers comptent toujours pour deux tiers de la consommation finale d’énergie au Luxembourg. Pour autant, le pays s’est engagé dans la voie des énergies renouvelables et souhaite également faire de la place aux biocarburants.
Ainsi, dès le mois d’octobre, selon une directive européenne, les stations-services vont afficher plusieurs nouveaux logos pour informer sur la présence du bioéthanol dans les carburants. Dès le 1er janvier 2019, le carburant 95 E10 (l’essence 95 contenant jusqu’à 10 % de bioéthanol qui remplacera le carburant 95E5) fera son apparition sur le marché.
Mais pas de panique, selon la Fébiac (Fédération belge de l’automobile et du cycle), depuis 2016, neuf véhicules essence sur dix sont compatibles avec la 95 E10.

Jeremy Zabatta

Le diesel reste en tête des ventes

Le diesel reste, malgré une baisse de 0,8 %, le carburant le plus écoulé au Luxembourg. En 2017, il représentait 60,4 % du marché pétrolier, contre 61,4 % en 2016. En deuxième position, on retrouve le kérosène, qui représentait l’an dernier 20,1 % du marché (18,7 % en 2016), puis vient l’essence avec 11 % du marché contre 11,1 % en 2016. Le mazout continue sa lente chute en représentant 8,2 % du marché, bien loin du temps où il s’accaparait, en 1980, près de 25 % du marché luxembourgeois.

Quand l’UE a boosté le marché luxembourgeois

Le GPL fait souvent état de l’année 2005 comme une année de référence pour le marché pétrolier luxembourgeois. Mais pourquoi l’année 2005 a connu des niveaux de ventes de carburant presque record? Le président du GPL, Romain Hoffmann, nous donne la réponse : «En 2004, l’Union européenne s’est élargie en passant de 15 à 25 États, dont des pays de l’Est comme l’Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie et la Slovénie. Auparavant les camions de ces pays ne pouvaient pas prendre plus de 400 litres de carburant pour sortir de l’UE. Et ils faisaient donc le plein en Allemagne, plus près de leurs frontières. Mais avec l’élargissement, les camions, qui peuvent prendre beaucoup plus que 400 litres dans leurs réservoirs, ont dès lors fait le plein au Luxembourg où le carburant était et est toujours moins cher qu’en Allemagne.»

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