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Anise Koltz : « La mort, ça me fera un peu de repos ! »


"J'écris encore avec facilité, mais le problème, me semble-t-il, c'est que j'ai déjà dit tout ce que j'avais à dire", sourit Anise Koltz. (photo Alain Rischard)

Anise Koltz, prix Goncourt de la poésie en avril, est l’un des plus grands auteurs du Luxembourg. Alors qu’elle fête ses 90 ans en pleine semaine du Printemps des poètes, elle se confie en toute humilité.

Vous allez fêter vos 90 ans ce mardi. Qu’est-ce que cette longévité vous évoque ?

Anise Koltz : (Elle hésite) Du positif et du négatif. D’un côté, je suis très contente d’être parmi mes enfants, mes petits-enfants, ma famille… De l’autre, je pense qu’il est maintenant temps que je parte. La vie, c’est long! Oui, c’est vrai, elle m’a beaucoup donné, mais la mort ne me fait pas peur, bien au contraire : ça me fera un peu de repos !

Pratiquez-vous toujours l’écriture. Et si oui, à quel rythme ?

Autrefois, c’était un réflexe, une vraie habitude : je m’y mettais tous les jours ! Aujourd’hui, il faut avouer que tout me prend plus de temps, et l’écriture n’en est pas exclue. C’est devenu laborieux, mais il m’arrive, quand l’envie est là, de me poser sur la table, sortir un stylo et esquisser quelques phrases…

L’exercice est-il devenu, avec l’âge, plus difficile ?

Non, l’approche reste la même, mais les idées, la concentration, elles, suivent moins… Disons que j’écris encore avec facilité, mais le problème, me semble-t-il, c’est que j’ai déjà dit tout ce que j’avais à dire. Il y a quand même une fin à tout, non ?

Qu’est-ce, pour vous, un poème ?

(Elle réfléchit longuement) C’est un exutoire, principalement. En général, il délivre d’un problème, des choses qui vous tracassent, mais aussi qui vous intriguent. On se bat alors avec pendant quelques jours, voire plusieurs semaines, jusqu’à ce que ça puisse sortir… Étaler sur le papier des choses qui me tiennent à cœur. Pour ce faire, je prends des notes, j’y réfléchis, je pèse l’idée, les termes, les phrases, je mets tout cela à plat. De surcroît, ma philosophie, ma formule, invite à bien saisir le sujet : j’ai toujours voulu écrire un maximum de choses avec un minimum de mots.

En avril dernier, vous avez reçu le Goncourt de poésie, un nouveau prix parmi de nombreux qui jalonnent votre carrière. Êtes-vous quelqu’un pour qui ces honneurs comptent ?

Oui, mais je ne les compte plus (elle rit) ! Disons que les honneurs font plaisir, et ça m’a toujours donné un profond sentiment de gratitude. Du coup, on prend sa plume, et on écrit à ces gens pour les remercier. Ensuite, il faut passer à autre chose, et surtout ne pas s’arrêter à cela. Là, pour le coup, ça serait se tromper grossièrement.

Entretien avec Grégory Cimatti

A retrouver en intégralité dans Le Quotidien papier du lundi 11 juin

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