Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
500 000 dollars. C’est le legs reçu en 2013 par le musée municipal des Émaux de Longwy. Le hic, c’est que cet argent n’est plus dans les caisses de la Ville. Explications.
Il n’y a ni malversation ni enrichissement personnel », insiste, d’emblée, Jean-Marc Fournel. « C’est juste que l’orthodoxie financière n’a pas été respectée », tempère le maire de Longwy. Pourtant, la somme et les enjeux sont importants : ni plus ni moins que 500 000 dollars (426 130 €). Une réserve héritée d’un legs mais qui n’a pas été… réservée. Et qui, du coup, n’est plus dans les caisses de la Ville.
L’héritage
Marie-France Dougherty-Manners, décédée en 2011, était une retraitée de l’enseignement. Elle a vécu à Herserange avant de partir aux États-Unis avec son époux, il y a plus de quarante ans. Dans son testament, elle léguait 500 000 dollars au musée municipal des Émaux.
Conditions
Dans son testament, Marie-France Dougherty-Manners avait glissé des conditions concernant les dépenses : 50 % devaient servir à l’investissement pour l’exposition des collections, 20 % pour la conservation et la restauration des pièces du musée, 15 % pour de nouvelles acquisitions et 15 % pour le fonctionnement (marketing et communication).
Pas gelée mais fondue
En mars 2013, le don est accepté par le conseil municipal de Longwy. Le chèque est encaissé au Trésor public en novembre 2013. « Le legs a été l’objet d’une recette comme n’importe quelle autre rentrée d’argent », indique Jean-Marc Fournel. Sauf que cette somme aurait dû être gelée. Selon le maire, elle a plutôt complètement fondu. « Elle a été intégrée dans le budget principal de la Ville par mon prédécesseur, de façon à atténuer la dette. » L’élu socialiste assure s’en être aperçu dès 2014.
Et du coup ?
C’est simple intellectuellement. Plus compliqué financièrement. Puisque les dollars sont entrés dans le budget général pour d’autres dépenses que les émaux, la collectivité doit désormais assurer, sur ses fonds propres, des investissements pour 371 000 €. « La municipalité honorera les dépenses conformément au legs », commente Jean-Marc Fournel.
Depuis 2014, la Ville a acquis des pièces pour 15 000 €. « Tous les ans, nous attestions ces dépenses auprès de l’avocat. » Il s’agit d’achats parcimonieux sur des ventes significatives. En clair, des occasions à ne pas manquer.
Transfert du musée
Des dépenses qui devraient en revanche se multiplier ces prochaines années. « Nous avons obtenu le feu vert de la Direction des Musées de France pour le transfert du musée des Émaux à l’ancienne Banque de France. » Avec l’espoir d’une inauguration en septembre 2019.
Bertrand Baud (Le Républicain Lorrain)
