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L’État islamique proche de Palmyre


La cité antique de Palmyre est classée au patrimoine mondial de l'Unesco. (Photo AFP)

Les combattants du groupe Etat islamique (EI) ont avancé jeudi vers l’antique Palmyre en Syrie, faisant craindre que ce joyau inscrit au Patrimoine mondial de l’Humanité ne connaisse le même sort que les sites archéologiques en Irak voisin détruits par ces jihadistes.

La directrice-générale de l’Unesco Irina Bokova a appelé les parties en conflit en Syrie à « protéger Palmyre et à tout mettre en oeuvre pour empêcher sa destruction ». « Je suis profondément préoccupée par les informations qui nous parviennent de Palmyre. Il faut sauver Palmyre ».

« Palmyre est menacée », a affirmé Rami Abdel Rahmane, le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). « La bataille se déroule à 2 km à l’est de la ville après la prise par l’EI de tous les postes de l’armée entre Al-Soukhna et Palmyre » distantes de quelque 80 km.

Dans les villages où l’armée s’était retirée à la lisière de Palmyre, les jihadistes de l’EI ont exécuté 26 civils, dont 10 par décapitation, « pour collaboration avec le régime », une nouvelle atrocité commise par ce groupe ultraradical sunnite, a ajouté l’OSDH.

Alarmé, le directeur des Antiquités et des musées syriens, Maamoun Abdelkarim, a appelé la communauté internationale à se mobiliser pour empêcher une éventuelle destruction de Palmyre. « Si l’EI entre à Palmyre, ce sera sa destruction, une catastrophe internationale (…) ».

« Ce sera la répétition de la barbarie et de la sauvagerie qui s’est produite à Nimroud, Hadra et à Mossoul », a-t-il averti, faisant référence à des sites antiques visés par l’EI dans le nord de l’Irak.

La valeur historique de cette oasis située dans le désert, à environ 240 km au nord-est de Damas, est inestimable car elle abrite les ruines monumentales d’une grande cité qui fut l’un des plus importants foyers culturels du monde antique. Son architecture unit les techniques gréco-romaines aux traditions locales et aux influences de la Perse, selon l’Unesco.

Les rebelles ont contrôlé la ville de février à septembre 2013 avant qu’elle ne soit reprise par le régime. Durant les combats, le temple de Baal avait subi de légers dommages en raison des échanges d’artillerie.

Talal Barazi, le gouverneur de la province de Homs, dont fait partie Palmyre, a indiqué qu’après la chute mercredi de la localité d’Al-Soukhna, 1.800 familles avaient fui vers Palmyre où trois centres d’accueil ont ouvert.

Depuis mercredi avant l’aube, les combats dans le secteur ont fait 125 morts, 70 soldats et 55 jihadistes.

Parmi ces derniers, figure Abou Malek Anas al-Nachwan, un leader de l’offensive contre Palmyre, qui était apparu sur une vidéo de l’EI montrant la décapitation de 28 Éthiopiens en Libye, selon des sites jihadistes.

Profitant de la guerre en Syrie, l’EI s’est emparé de vastes régions de ce pays, principalement dans le nord, ainsi que de larges pans du territoire en Irak.

Une vidéo diffusée il y a un mois sur les réseaux sociaux a montré les combattants de ce groupe détruire à coups de bulldozers, de pioches et d’explosifs le site archéologique irakien de Nimroud, joyau de l’empire assyrien fondée au XIIIe siècle.

Ils s’en étaient déjà pris à Hatra –une cité de la période romaine vieille de 2000 ans– et au musée de Mossoul, dans le nord de l’Irak.

En Syrie, les jihadistes ont déjà détruit deux magnifiques lions assyriens à Raqa, ville dont l’EI a fait sa capitale, et ont commis des destructions et permis des fouilles clandestines, parfois au bulldozer, sur les sites de Mari, Doura Europos, Apamée, Ajaja (nord-est), et Hamam Turkoman près de Raqa (nord).

Au cours d’une conférence au Caire, la directrice générale de l’Unesco s’est alarmée de ce que « les pillages et destructions de sites archéologiques ont atteint une échelle sans précédent », en estimant que l’EI « y a recours comme tactique de guerre pour terroriser les populations ».

 

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