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Mort d’un SDF au Findel : «Je n’ai tué personne !», clame l’un des prévenus


La chambre criminelle n'a entendu la position qu'un seul prévenu... l'autre ne s'étant pas présenté jeudi. (Illustration : Jean-Claude Ernst)

Fin mars 2014, un quadragénaire avait été retrouvé inanimé non loin du foyer de nuit du Findel, à Luxembourg. Un nouveau procès s’est ouvert jeudi après-midi. Sur les deux prévenus, un seul était présent.

Décidément, la justice a du mal à voir les deux prévenus en même temps à la barre. Ce n’est pas la première fois que la chambre criminelle se penche sur la mort du sans-abri retrouvé grièvement blessé route de Trèves au Findel, non loin du foyer de nuit, le 28 mars 2014 au soir. La victime de 41 ans était décédée quelques jours plus tard à l’hôpital. Au début de l’été 2017, le premier prévenu, un Lituanien de 35 ans, était sur le point d’être jugé quand la chambre criminelle a appris l’arrestation du second suspect, originaire de Pologne. Il y avait eu rupture du délibéré.

Aujourd’hui, on redémarre donc à zéro. Problème : maintenant, c’est le premier prévenu qui est absent. Il s’avère qu’en novembre 2017 le Lituanien a bénéficié d’une mise en liberté provisoire… À l’époque, le trentenaire avait élu domicile à l’étude de son avocat. Malgré la convocation et l’avis publié dans la presse, il ne s’est toutefois pas présenté jeudi après-midi. Il sera donc jugé par défaut.

Les deux hommes sont principalement poursuivis pour avoir assassiné le sans-abri. Lors du premier procès, le Lituanien avait repoussé la faute sur le Polonais qui était avec lui ce soir-là. C’est lui qui aurait été l’auteur des coups violents route de Trèves. «Je n’ai tué personne!», a clamé haut et fort ce dernier jeudi.

C’est tout à fait par hasard qu’il aurait atterri au Grand-Duché en 2014, dit le prévenu. Alors qu’il se trouvait avec des amis de Pologne à Cologne, il aurait embarqué dans le premier train. Ne maîtrisant pas la langue et vu son état d’ivresse, il était arrivé au Luxembourg. C’est alors que la présidente a fait cette remarque : «Et à toutes les gares précédentes, vous dormiez?»

Hématome sous-dural, pommette fracturée

Le sans-abri grièvement blessé à la tête, souffrant d’un hématome sous-dural et d’une fracture de l’os de la pommette, était décédé début avril à l’hôpital. C’était après la fermeture du foyer de nuit de la Wanteraktioun au Findel.

Les autorités avaient perdu toute trace des deux suspects interpellés le soir même au foyer de nuit pour sans-abri. «Je suis parti en France pour trouver du travail», a affirmé jeudi le Polonais. C’est finalement à Toulouse, trois ans plus tard, qu’il a pu être arrêté. Lors d’un contrôle, la police a constaté qu’un mandat d’arrêt avait été décerné à son encontre. Il avait été extradé au Luxembourg au mois de juillet dernier. Depuis, il se trouve en détention préventive.

Des traces ADN sur le polo de la victime

Pourquoi le sans-abri s’est-il retrouvé à terre le 28 mars 2014? Quel rôle ont joué les deux silhouettes aperçues au loin par plusieurs témoins? Y a-t-il eu assassinat?… Beaucoup de questions circulent autour du drame. L’audition d’une bonne dizaine de témoins doit permettre à la chambre criminelle d’élucider les faits.

Cela s’avère d’autant plus difficile que l’origine des blessures de la victime n’a pas pu être clarifiée à 100 %. Lors de l’autopsie, le médecin légiste n’a trouvé aucun élément permettant de corroborer l’hypothèse qu’une personne tierce ait commis un acte de violence sur la victime. «Il n’y a pas de traces de coups de pied dans le visage, mais rien ne permet d’exclure cette éventualité», complète-t-il.

De l’avis de l’expert, il est tout à fait possible que la victime ait eu un hématome sous-dural et ait ensuite chuté. À l’âge de 19 ans, elle avait eu un accident de voiture. Ses anciennes blessures auraient ainsi pu favoriser ces blessures, poursuit-il.
Si, d’un point de vue médical, il n’est pas possible de prouver que la victime est décédée à la suite de la violence d’un tiers, plusieurs témoins déclarent avoir vu deux silhouettes à côté du sans-abri gisant au sol. «J’étais en train de conduire route de Trèves quand, à ma droite, j’ai aperçu quelqu’un par terre. Il y avait deux personnes à côté. L’une donnait des coups de pied», se souvient une femme. Elle avait cherché un endroit pour se garer. Son mari avait sauté de la voiture pour aller à la rescousse de l’homme gisant au sol.

À côté des témoignages, il y a aussi les traces ADN relevées sur le polo de la victime. Le procès se poursuivra mardi matin avec l’audition de l’experte en génétique.

Fabienne Armborst.

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