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Bettembourg : des potagers sur le toit des immeubles ?


Nicolas Zita, ingénieur spécialiste des interactions entre le végétal et la construction, dans la serre expérimentale de Bettembourg (Photo : didier Sylvestre).

Les bâtiments produisent du CO2, de la chaleur et de l’humidité : tout ce dont ont besoin les plantes ! Fort de ce constat, un projet européen de serres en hauteur vient d’être lancé depuis Bettembourg, au Conseil pour le développement économique de la construction (CDEC).

«Les serres traditionnelles sont des gouffres énergétiques, explique Nicolas Zita, porteur du projet. Elles sont froides en hiver et les chauffer demande beaucoup d’énergie. Par contre, la température monte dès qu’il y a un rayon de soleil et là, il faut tout ouvrir pour rafraîchir. La déperdition d’énergie est énorme.» La solution est de «repenser la serre comme un bâtiment, en réfléchissant à une structure qui répond à un besoin précis : le confort des plantes… mais sur un toit !»

Tous les éléments se trouvent sur le toit!

• Le CO2 :  «Il s’accumule, surtout dans les bâtiments passifs hermétiques, souligne Nicolas Zita. Il est évacué par les VMC double flux et il se trouve que la valeur cible qu’il ne faut dépasser qu’exceptionnellement est de 1 000 PPM (NDLR : parties par million). Ces pics sont notamment atteints dans les salles de réunion où se trouvent beaucoup de personnes en même temps. Or on sait que, justement, c’est cette quantité qui est idéale pour accélérer la croissance des plantes qui relâcheront de l’oxygène à la place.»
• La chaleur : «elle monte, on la trouve évidemment sous les toits, surtout dans les bâtiments anciens, indique l’ingénieur. Toute l’année, la chaleur à l’intérieur des bâtiments tournent autour de 20/25 °C. Là encore, c’est idéal pour les plantes et on peut la récupérer à la sortie des bouches d’aération.»
• L’humidité :  «Pour certaines cultures qui vont demander beaucoup d’eau, on peut imaginer récupérer l’humidité des salles de bains de toute une résidence grâce à un système d’évacuation général dirigé vers la serre.»
• La lumière :  «Les serres sont situées en hauteur, elles n’en manquent pas !»

 

Ce tableau idéal n’est pas épargné par plusieurs contraintes. C’est justement la raison d’être du projet Interreg qui a été validé par l’Union européenne en septembre. D’ici 2021, le le projet Groof (Greenhouses to reduce C02 on roofs) devra avoir déterminé les obstacles (techniques et administratifs), édité un guide de recommandations à destination des porteurs des décideurs, lancé des appels à projets. Surtout, il devra mettre sur pied quatre projets pilotes, dont un au Grand-Duché.

Des serres pour des maraîchers

La mission luxembourgeoise sera de construire une serre pédagogique de 500 m² sur le toit de l’IFSB. Des formations et des visites y seront organisées. «Notre but est de démontrer la rentabilité de telles structures.

Le projet de l’IFSB est à but démonstratif et pédagogique. Ces serres devront être utilisées par des maraîchers», précise Nicolas Zita.Une autre serre de près de 500 m² sera montée en Allemagne au cœur du tissu urbain, pour y permettre la distribution des produits sans véhicules motorisés, dans les alentours immédiats du lieu de production.

En France, la serre prendra la forme d’une entreprise de réinsertion professionnelle. La la structure pourrait avoir un but à la fois social et entrepreneurial.

Enfin, le dernier projet pilote sera situé sur les toits de l’université d’agronomie de Gembloux (Belgique). Étudiants et enseignants y expérimenteront différents modes de culture.

Erwan Nonet

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