Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Le label Géoparc, créé par l’Unesco en 2015, récompense et protège les plus beaux sites géologiques du monde.
Quelle ascension irrésistible! La région du Mullerthal, fraîchement reconnue comme parc naturel national en 2016, vise désormais une renommée mondiale : les Géoparcs de l’Unesco. Ce label, de façon schématique, honore les plus belles zones de diversité géologique de la planète.
La beauté de la roche donc. Mais pas seulement : «Il s’agit de mettre en avant l’identité culturelle d’une région», explique Carole Dieschbourg, la ministre de l’Environnement. En clair, la façon dont la géologie a influencé le travail des hommes. La candidature luxembourgeoise a été remise vendredi, au ministère du Développement durable et des Infrastructures.
«Le dossier part de façon électronique à Paris», précise un administrateur. Un jury de neuf experts de l’Unesco passera cet été. Une décision sera rendue à l’automne 2018 ou début 2019.
Le secrétaire d’État à la Culture, Guy Arendt, a souligné «le potentiel de visibilité d’un tel label, où l’on retrouve des parcs tels que les Baux-de-Provence par exemple». Le Luxembourg n’aura pas 40 essais pour réussir : «Le Mullerthal, objectivement parlant, est probablement le seul endroit du Luxembourg à réunir une telle diversité géologique, précise Simone Beck, présidente de la Commission nationale pour la coopération avec l’Unesco. Or le label Géoparc est attribué sur ce critère : « l’exceptionnelle géologie » d’un site.»
Toutefois, le jury n’est pas obligé de répondre par un «non» ferme. Il pourra émettre une série de recommandations à suivre. Camille Hoffmann, le pétillant bourgmestre de Beaufort, se dit optimiste, malgré la taille du défi : «Il faut être franc : certains Géoparcs mondiaux mesurent la taille du Luxembourg! Mais nous sommes confiants dans les atouts du Mullerthal.» Atouts nombreux, tant ce territoire à l’est de la Ville est séduisant.
Potentiel économique et protection
La géologue professionnelle Birgit Kausch s’est chargée du volet technique du dossier. Elle parle avec passion des lieux phares du parc (lire ci-contre). Dans son propos, il ne s’agit pas de mettre sous cloche une région, mais bien de favoriser «l’éducation à la nature», une protection qui n’empêche pas le développement, au contraire.
«Lorsque nous avons monté le Mullerthal trail (NDLR : un grand circuit de marche) en 2007, nous avons encadré une activité tout en la développant, compare Camille Hoffmann. Pour le dossier du Géoparc, différents acteurs sont également mobilisés : des responsables du parc naturel comme des responsables de l’office régional de tourisme.»
Carole Dieschbourg, fervente écologiste, estime que la valorisation d’une région se fait à «différents niveaux aujourd’hui. On touche différents publics en multipliant les labels… La géologie est un nouveau pan à mettre en avant.»
Simone Beck précise que, au-delà des retombées pour la région, il y a la mise en valeur d’une discipline scientifique trop souvent boudée, la géologie. Alors qu’elle raconte l’histoire d’une terre et des peuples qui vivent dessus.
Hubert Gamelon