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Ce ne sont que des « pierres »

La semaine dernière, le ministère de la Culture a tweeté une phrase prononcée par son ministre, Xavier Bettel, lors d’une réunion du groupe de réflexion «L’Union européenne et l’héritage culturel». «L’héritage culturel, ce sont les gens, pas les pierres».

Certes, il s’agit d’un tweet qui reprend l’infime partie d’un discours. Mais il a été validé par le ministère et l’on sait à quel point Xavier Bettel sait manier les réseaux sociaux. On aimerait croire que le fond de sa pensée sur la question ne se traduit pas dans cette sentence lapidaire, si l’on ose dire. N’empêche, le simple fait qu’un ministre de la Culture puisse exprimer de tels propos est effarant. Comment l’homme qui a la responsabilité de piloter la politique culturelle d’un pays peut-il exclure de fait toute la culture matérielle des peuples actuels et de ceux qui l’ont précédé? Car on sent bien que ces «pierres», ce sont ces ruines branlantes qui coûtent cher à entretenir et ne rapportent sans doute pas assez de devises.

Pourtant, sans ces «pierres», on ne saurait pas grand-chose de notre passé. On ne rend pas assez hommage aux archéologues qui, particulièrement au Grand-Duché, se battent avec des moyens dérisoires pour étudier les traces de nos ancêtres avant qu’elles ne disparaissent purement et simplement sous le béton des centres commerciaux et l’asphalte des nouvelles routes.
Cela expliquerait en tout cas le peu d’entrain avec lequel lui et son secrétaire d’État, le très discret Guy Arendt, travaillent à l’écriture de la nouvelle loi sur la protection du patrimoine, dans un carton depuis tant d’années. Rappelons qu’il y a quelques mois le Luxembourg a été le dernier pays d’Europe à ratifier la Convention européenne pour la protection du patrimoine archéologique signée à Malte… en 1992!

Xavier Bettel n’était pas à Soissons avec le Grand-Duc le 17 novembre pour admirer les admirables fresques romaines de la villa de Schieren qui y sont restaurées. Guy Arendt y était. Il aurait pu lui dire à quel point les regards de ces personnages oubliés depuis 2 000 ans touchent l’âme. À moins que ce ne soient que des «pierres».

Erwan Nonet

Un commentaire

  1. Il y a les Jean,
    Il y a les Pierre,

    Mais quid des Jean-Pierre et pire encore des Pierre-Jean ?

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