De plus en plus de miels mélangés, à bas prix, sont présents en rayon. Ils contiennent parfois plus de sirop de sucre que de vrai nectar d’abeilles. En cause : des producteurs chinois qui trichent avec la législation.
Méfiez-vous des contrefaçons ! Les miels venus de Chine ont souvent l’apparence du nectar des abeilles mais n’en sont pas vraiment. L’Union nationale de l’apiculture française (Unaf) et l’UFC-Que Choisir tirent la sonnette d’alarme et demandent une meilleure traçabilité.
Quel est le problème ?
La production de miel français ne cesse de diminuer (voir ci-contre). La France doit donc importer de plus en plus pour satisfaire ses consommateurs. Dans un contexte de guerre des prix de l’alimentaire, les acheteurs industriels cherchent à se fournir auprès des fournisseurs les moins chers, le plus souvent des producteurs chinois, qui n’hésitent pas à contourner les règles pour offrir les prix les plus bas.
« En Chine, la production est un peu une boîte noire. Il y a de très bons miels chinois, mais il y en a d’autres qui n’ont de miel que le nom. Ils nettoient totalement la récolte, mettent en œuvre un processus technique pour enlever tout ce qui permet de tracer l’origine du miel. Ensuite, ils ajoutent du sirop de sucre. Au-delà de la tromperie sur la marchandise, se pose un problème sanitaire. Quels sont les risques pour la santé d’un tel traitement du miel ? », interroge Etienne Bruneau, Administrateur délégué du Cari (Centre apicole de recherche et d’information). En 2015, selon une étude de la Commission européenne, un miel sur trois n’était pas conforme.
Comment s’y retrouver ?
Le prix très bas est un premier indicateur. « Quand on voit un pot de 500 grammes vendu à 2,50 euros, on se dit qu’il y a un problème, observe Henri Clément, porte-parole de l’Unaf. Ces montants ne couvrent même pas le coût de revient de la production pour un apiculteur. »
Mais le prix ne peut être le seul indicateur, car il existe des miels à prix peu élevés, importés d’Argentine, qui sont de bonne qualité et produits selon des standards sanitaires élevés. « La vraie information qui doit vous alerter, c’est l’étiquetage. Si sur l’emballage, il est inscrit mélange miel UE et non UE, vous pouvez vous poser des questions. Les produits peuvent venir de n’importe tout », conseille Etienne Bruneau.
En concertation avec les apiculteurs, l’UFC-Que Choisir demande donc plus de transparence sur les étiquettes. « Il faut que l’origine précise des produits soit indiquée. Et que quand il s’agit de miel chinois, il soit bien inscrit “Chine” et pas “RPC” qui signifie République populaire de Chine mais qui ne veut rien dire pour le consommateur », plaide Olivier Andrault, chargé de mission alimentation à l’UFC-Que Choisir. Selon Étienne Bruneau, la France peut prendre une telle mesure en accord avec la législation européenne.