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La chef Hélène Darroze rêve d’avoir « une femme comme bras droit en cuisine »


Hélène Darroze est à la tête de deux restaurants, à Londres (deux étoiles) et à Paris (une étoile). (photo AFP)

La Française Hélène Darroze, qui a remporté mercredi le prix Veuve Clicquot 2015 de « Meilleure femme chef du monde », espère que cette récompense servira à inspirer des femmes, encore trop rares dans son métier. À la tête de deux restaurants, à Londres (deux étoiles) et à Paris (une étoile), jurée de l’émission « Top Chef » sur M6, elle confie son « rêve suprême: avoir une femme comme bras droit en cuisine! »

En quoi ce prix est-il important pour vous, pourquoi distinguer les femmes chefs ?

« Ce qui me touche beaucoup, c’est que c’est un prix pour lequel ont voté 900 personnes dans le monde entier. Et c’est important pour mes équipes. Mais aussi pour les femmes dans la profession en général. Je trouve ça bien de les distinguer parce qu’il n’en a pas beaucoup, c’est bien de les mettre en avant, pour leur donner un peu plus envie, pour les inspirer. Ca ne peut être que bénéfique pour la féminisation de notre métier, de montrer qu’on est là, qu’on existe.

Dans mes équipes, le nombre de femmes dépend des périodes. Aujourd’hui il doit y avoir entre 25% et un tiers de femmes en cuisine. A Londres sur quatre sommeliers, il y a une femme, sur quatre maîtres d’hôtel il y en a une. Ma directrice de salle à Londres est une femme, et on vient d’engager une chef pâtissière.

À dossier égal, je prendrai plus facilement la femme, pour lui donner une chance qu’on ne donnera peut-être pas ailleurs. Mon rêve suprême ce serait un jour d’avoir un bras droit, un de mes chefs en cuisine qui soit une femme! »

Les femmes et les hommes cuisinent-ils différemment ?

« On a une sensibilité un peu différente. Je suis quelqu’un qui cuisine avec ses émotions et son instinct, et je pense que c’est très féminin. Sur ce que je ressens, je mets une technique. J’ai l’impression que l’homme au contraire pense toujours d’abord technique. Mais je respecte totalement la façon dont cuisinent les hommes! Et il peut y avoir d’ailleurs des chefs qui ont une sensibilité très féminine, comme des femmes chefs très techniques aussi ».

Pourquoi y a-t-il si peu de femmes chefs ?

« Pour arriver à ce niveau-là de cuisine et de carrière, il y a des choix à faire. J’ai été maman assez tard, à 40 ans. J’ai eu deux étoiles à 32 ans, il a fallu beaucoup travailler pour y arriver. Si à ce moment-là, j’avais eu un amoureux avec qui j’avais eu envie de construire une famille, je ne suis pas sûre que je serais là aujourd’hui. Même aujourd’hui je ne suis pas là le soir pour raconter d’histoires à mes deux petites filles, pour donner le bain.

J’ai eu plein de jeunes filles dans mes cuisines pour lesquelles je me suis dit, la relève est assurée, mais elles ont fait le choix à un moment donné d’une vie de famille, plus aménageable, ce qui à ce niveau-là n’est pas possible. En revanche, quand on dit que c’est un milieu misogyne, je n’ai jamais ressenti ça. C’est un milieu difficile, parce qu’il faut beaucoup de rigueur, il y a de la pression… Mais je suis née dedans, j’ai connu ça depuis toute petite.

Quand j’ai décidé de faire ce métier, Maman m’avait vraiment mise en garde, elle n’était pas vraiment très chaude. Moi, avec mes filles, ce ne sera pas le cas, je les laisserai s’épanouir là-dedans si elles le souhaitent et je les aiderai du mieux que je peux ».

Le Quotidien / AFP

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