Le Royaume-Uni et l’UE ont réalisé « des pas en avant décisifs » dans leur négociation sur le Brexit, même s’il reste encore du travail à faire, ont résumé les négociateurs jeudi après une quatrième session de travail.
« Nous réalisons des progrès considérables » sur les sujets qui comptent, a affirmé David Davis, le ministre britannique en charge du Brexit qui s’est félicité des « pas en avant décisifs » réalisés cette semaine à Bruxelles. Son homologue Michel Barnier, à la tête de l’équipe européenne, a exprimé un enthousiasme un peu plus tempéré, lors de leur conférence de presse conjointe, même s’il a pris acte de la « nouvelle dynamique » instillée par le discours de la Première Ministre britannique Theresa May vendredi dernier en Italie.
« Je trouve positif que le discours de Theresa May ait permis de débloquer une situation et de donner une nouvelle dynamique à cette négociation », a ainsi commenté le Français. « Mais nous sommes loin encore d’atteindre le moment – il faudra plusieurs semaines ou plusieurs mois – où nous pourrons constater des progrès suffisants sur le principe de ce retrait ordonné », a immédiatement ajouté M. Barnier.
Les Britanniques pressent leurs homologues européens d’accéder à la deuxième phase des négociations au cours de laquelle sera abordée la question de la future relation entre les deux parties. Les 27 ont conditionné ce passage, prévu dans un calendrier initial à l’automne 2017, à des « progrès significatifs » dans les trois domaines désignés prioritaires: la garantie des droits des citoyens, l’Irlande et le « solde des comptes » entre Londres et l’UE.
Or il semble de plus en plus compromis que les 27 pourront constater des avancées significatives lors du prochain sommet européen les 19 et 20 octobre à Bruxelles. Michel Barnier a assuré jeudi ne voir « aucun lien logique et cohérent » entre la discussion à venir sur le futur partenariat en matière commerciale, de sécurité ou de défense, et « le solde des questions passées ».
Une résolution sera votée la semaine prochaine
Le Parlement européen a de son côté préparé une résolution, qui sera votée la semaine prochaine, suggérant aux dirigeants des 27 de retarder leur évaluation de l’avancement des négociations. Parmi les sujets qui coincent, Michel Barnier a souligné l’incapacité pour les deux camps de s’entendre sur l’autorité de la Cour de justice de l’UE (CJUE), qu’il souhaite voir jouer un « rôle indispensable » dans la garantie des droits des citoyens de l’UE installés au Royaume-Uni une fois le Brexit acté.
Les Britanniques ont, eux, proposé d’intégrer pleinement l’accord de retrait dans la loi britannique, pour que les ressortissants européens puissent s’adresser aux tribunaux du pays en cas de problème. David Davis a réitéré la promesse donnée par Theresa May que son pays honorerait « tous ses engagements » pris en tant que membre de l’UE, alors que le Brexit est prévu fin mars 2019, une affirmation qui laisse les Européens sur la défensive.
« Il est important que le Premier ministre dise que pour les années 2019-2020 les Etats membres de l’Union n’auront pas à payer plus ou recevoir moins, mais nous sommes loin du compte si nous nous limitons à ces deux années-là », a commenté Michel Barnier, en référence à la date de fin du cadre financier pluriannuel dans lequel le Royaume-Uni est engagé et qui court jusqu’en 2020.
« Nous ne sommes pas encore au point de spécifier exactement ce que sont ces engagements. Cela viendra plus tard », a déclaré de son côté M. Davis.
Le Britannique s’est dit encore encouragé par les progrès sur le dossier Euratom, le régulateur européen du secteur nucléaire, et les « discussions constructives » sur la question irlandaise. « Ce round a été primordial, nous avons fait des progrès capitaux », a insisté M. Davis, reconnaissant tout de même que certains points « complexes » nécessitaient de plus amples discussions. Le prochain cycle de négociations se tiendra dans la semaine du 9 octobre. C’est le dernier prévu avant le sommet européen d’octobre.
Le Quotidien / AFP