[Mondial 2018] Un onze de malade pour Luxembourg-Belarus

Confrontée à la pire hécatombe de son histoire récente, la sélection aborde le Belarus ce jeudi soir non pour l’emporter, mais pour ne pas perdre.

Il faudrait essayer de compter les raisons pour lesquelles toute cette sombre histoire peut, finalement, bien tourner. Théoriquement, ça ne devrait pas être très long puisque le Luxembourg compte assez d’absents, à une unité près, pour composer une équipe de titulaires qui pourrait potentiellement battre celle qui sera sur le terrain, à sa place, à 20h45 au stade Josy-Barthel.

À vrai dire, des raisons, on n’en voit que deux. Déjà, le Belarus n’est quand même pas un foudre de guerre. Il sort récemment d’un match nul contre la Thaïlande et, d’une manière plus lointaine, avait été incapable de battre un Grand-Duché (1-1) réduit à dix pendant plus d’une mi-temps après l’expulsion sévère de Carlson et alors que l’équipe était déjà bien déforcée (Malget était suspendu, Chanot blessé, tout comme Gerson, et alors que Kiki Martins était sorti après une demi-heure de jeu). Ensuite, les petits jeunes (23 ans de moyenne d’âge et il faut remercier Joubert d’être revenu pour la faire monter) qui composent cette sélection un peu bis ne sont pas des peintres. Ils n’ont qu’un tort : manquer d’expérience. Et seulement de ça ? «Dix absents, dont huit titulaires potentiels, ça conditionne nos chances, admet Holtz. On n’a pas la qualité individuelle habituelle.»

Souvenez-vous de Borisov !

Ça, Igor Kriushenko le sait, jure Luc Holtz. Et si le sélectionneur a beaucoup de mal à déterminer dans lequel des trois systèmes qu’il a utilisés récemment le Belarus évoluera, il pense connaître le plan de jeu : «Ils vont nous mettre la pression plutôt que de nous attendre et tenter de trouver des espaces dans notre dos. Ils s’attendent à ce qu’on soit bas et mettront sur le terrain des joueurs techniquement adroits dans les espaces réduits.»

Tenter de prendre les trois points contre le Belarus à la maison, c’était une des promesses de campagne de la FLF. Dans ces conditions, c’est presque impossible. «Prendre un point, ce serait déjà un exploit», lance même Holtz, avec un sérieux désarmant qui rend le voyage à Toulouse, dimanche, cauchemardesque avant l’heure. Mais on n’en est pas là. Cette génération a fait pousser un petit quelque chose, les germes d’une croyance qu’avec elle il peut se passer quelque chose même quand on ne s’y attend pas du tout. Le match aller entre les deux équipes en était le parfait exemple. On avait alors rarement vu cette équipe souffrir autant. «Mais on a eu du cœur», s’était réjoui Chris Philipps dans la glacière de Borisov. «C’était un match héroïque. On a vu une équipe, un groupe, de la solidarité», s’était de son côté extasié Paul Philipp, un président qui aime quand la difficulté force ces gamins à se surpasser.

À l’époque, même Holtz avait reconnu «avoir quelques doutes qu’on réussirait à faire ce qu’on a fait». Or des doutes, aujourd’hui, il n’y a que ça. Ça, l’insouciance, une absence totale de pression vu les circonstances et des petits nouveaux qui ont les crocs. Effectivement, ce serait un exploit, mais ce ne serait plus la première fois…

Julien Mollereau

Voilà pourquoi ce onze de base est absolument surréaliste !

Entre premières titularisations (trois d’un coup ?), retours de nulle part et changements de poste, il va falloir ramer pour s’y retrouver sur le terrain.

• Ils pourraient bien vivre leur première titularisation

Il n’était pas dans le groupe à l’origine et pourtant, Aldin Skenderovic, qui fait banquette depuis des mois en sélection et postulait à un poste de défenseur central, pourrait bien se voir offrir sa première cape dans l’entrejeu. En tout cas, il était associé tout au long de la dernière séance à Olivier Thill, dont c’est le premier rassemblement, lui qui est le dernier des frangins à ne pas encore avoir mis le nez à la fenêtre internationale et qui est également fortement pressenti devant la défense.

Enfin, il semble quasiment acquis que Marvin Martins, revenu de nulle part après deux opérations du genou et deux ans et demi d’attente, rejouera. La dernière fois, c’était en Italie, un petit quart d’heure. Depuis, il ne guettait même pas sa deuxième cape mais plutôt son premier rappel…

• Ce sera leur grand retour

Ça, c’est une certitude depuis plusieurs semaines déjà : Jonathan Joubert va se voir offrir sa 87e sélection ce soir et probablement la dernière au stade Josy-Barthel. On n’a plus vu le Dudelangeois dans les buts des Roud Léiwen depuis le 4-3 en Bulgarie, le 6 septembre 2016, il y a un an donc. Espérons qu’il aura plus de réussite que les trois frappes en lucarne expédiées à l’époque par ce qu’il pensait être son tout dernier adversaire international.

Dwayn Holter n’est pas encore, semble-t-il, définitivement écarté de la course aux places de titulaire, devant la défense. Pour lui qui compte 11 capes déjà et était un incontournable sous Luc Holtz lors de la saison… 2014/2015, l’histoire serait belle : sur les deux dernières années, il n’aura totalisé que deux sélections, en novembre 2015.

En étant méchant, on pourrait presque inclure Mathias Jänisch dans le package. Pour le Differdangeois, qui se heurte désormais à la concurrence, dans son couloir, de Dirk Carlson et Kevin Malget, les temps ont été durs depuis novembre 2014. Jamais largué, il n’a quand même pu totaliser que sept apparitions en 22 rencontres. Une occasion de marquer son territoire à ne pas rater.

• Ils vont devoir changer de poste

Pour Gerson Rodrigues et Dan Da Mota, il n’y a là rien de forcé mais plutôt une option tactique qui semble se dessiner : Luc Holtz, vu ce qu’il a testé à Lipperscheid, mercredi soir, pourrait demander à Da Mota de jouer sur son mauvais pied. Ces derniers temps, ces deux-là étaient plutôt concurrents sur le flanc gauche, mais le sélectionneur aurait du mal à se passer de l’expérience d’un Da Mota vu le contexte compliqué.

C’est par contre beaucoup plus révélateur du besoin de rassurer son équipe qu’a le sélectionneur : il va bien sortir Laurent Jans de son couloir droit et Chris Philipps de la récupération pour les associer en défense centrale. Ce n’est arrivé qu’à deux reprises dans le passé et la dernière fois contre la Russie en… octobre 2013. Pour une défaite 0-4.

• Ils valent d’être cités même s’il ne leur arrive rien de fou

Aurélien Joachim va hériter du brassard de capitaine. Cela ne lui arrive que rarement. Il faut que Mario Mutsch, voire Laurent Jans manquent à l’appel. Mais c’est plutôt une bonne nouvelle, car Joachim était déjà capitaine contre l’Albanie et la Macédoine, récemment. Soit… deux victoires.

Enfin, Vincent Thill pourrait reprendre du service derrière la pointe. Une bonne nouvelle pour le garçon, enquiquiné toute la préparation avec le FC Metz. Il survit en outre à sa colère de Rotterdam. Son énervement et ses coups de pied assénés à une glacière sans défense à son remplacement du terrain avaient forcé Luc Holtz à dire qu’il le recadrerait. Le joueur lui-même s’était fendu d’un communiqué bienvenu pour s’excuser. Et nous voilà repartis comme si de rien n’était…

J. M.

Leurs dix derniers matches

• LUXEMBOURG

9 juin 2017, élim. Mondial-2018

Pays-Bas – Luxembourg 5-0

4 juin 2017, amical

Luxembourg – Albanie 2-1

28 mars 2017, amical

Luxembourg – Cap-Vert 0-2

25 mars 2017, élim. Mondial-2018

Luxembourg – France 1-3

13 nov. 2016, élim. Mondial-2018

Luxembourg – Pays-Bas 1-3

10 oct. 2016, élim. Mondial-2018

Belarus – Luxembourg 1-1

7 oct. 2016, élim. Mondial-2018

Luxembourg – Suède 0-1

6 sept. 2016, élim. Mondial-2018

Bulgarie – Luxembourg 4-3

2 sept. 2016, amical

Lettonie – Luxembourg 1-3

31 mai 2016, amical

Luxembourg – Nigeria 1-3

Bilan : 1 victoire, 1 nul, 8 défaites. 10 buts pour, 26 buts contre.

• BELARUS

16 juillet 2017, amical

Thaïlande – Belarus 0-0

12 juin 2017, amical

Belarus – Nouvelle Zélande 1-0

9 juin 2017, élim. Mondial-2018

Belarus – Bulgarie 2-1

1er juin 2017, amical

Suisse – Belarus 1-0

28 mars 2017, amical

Macédoine – Belarus 3-0

25 mars 2017, élim. Mondial-2018

Suède – Belarus 4-0

13 nov. 2016, élim. Mondial-2018

Bulgarie – Belarus 1-0

9 nov. 2016, amical

Grèce – Belarus 0-1

10 oct. 2016, élim. Mondial-2018

Belarus – Luxembourg 1-1

7 oct. 2016, élim. Mondial-2018

Pays-Bas – Belarus 4-0

Bilan : 3 victoires, 2 nuls, 5 défaites. 5 buts pour, 15 buts contre.