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Bio : le « mad » in Lux

L’agriculture reste très conservatrice au Luxembourg, nous disait l’an passé Tom Kass. «Les fermiers se sont tous dirigés vers un modèle dont ils ne peuvent pas sortir», basé sur l’endettement, la dépendance à l’agro-industrie, aux subventions et aux aléas des cours mondiaux… Avec en face d’eux des paysans polonais ou français qui ont des fermes, ou plutôt des usines à bétail de plus de 1 000 vaches. «C’est idiot! Vu qu’on ne peut pas faire de la quantité, faisons de la qualité», estimait donc Tom Kass.

Qui sait de quoi il parle : ce rescapé de l’agriculture conventionnelle a abandonné ce modèle pour un autre, diamétralement opposé. Désormais, dans sa ferme biodynamique à Rollingen, nourriture, conditions de vie et de reproduction sont les plus naturelles possibles. Et tout le monde est content : le paysan qui sait pourquoi il se lève tous les matins, les visiteurs qui adorent la ferme et ses produits, et les veaux, poules et cochons, qui sont installés dans une ferme de luxe!

Au Luxembourg, comme ailleurs, deux mondes agricoles se font face, se regardant en chiens de faïence. L’agriculture conventionnelle a pour elle une production inégalée dans l’histoire humaine, née d’innovations technologiques à la fois salvatrices et destructrices, tandis que l’agriculture bio se fonde sur une production saine remontant à des temps immémoriaux, mais rythmée par une science naturelle non moins complexe, et surtout beaucoup moins sensible à nos considérations économiques.

Au Luxembourg, pour l’instant, le match est plié : en surfaces cultivées, l’agriculture bio pèse à peine 3 % dans la balance. Malgré un plan national de soutien au secteur, le bio progresse moins que dans la plupart des autres pays européens. Il a même régressé en 2015. Autant dire que l’objectif du plan Rifkin d’atteindre les 100 % d’ici 2050 s’apparente à de la science-fiction.

Le Luxembourg en est donc réduit à devoir importer une bonne partie de ses produits bios d’une centaine de pays, sans réelles certitudes sur leur qualité. Sauf sursaut, ce n’est pas demain la veille que le «made in Lux» bio montera en graine…

Romain Van Dyck (rvandyck@lequotidien.lu)

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