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La démission politique


Dans son « interview-confession » au magazine Society de la semaine dernière, François Hollande, tout en expliquant que la classe ouvrière était « la catégorie qui a le plus souffert des mutations économiques », déclarait « que la France ne pouvait échapper aux grands vents de l’Histoire ». Cette phrase en forme d’aveu d’impuissance de la part du président d’une nation de 66 millions d’habitants en dit long sur l’esprit qui anime nos dirigeants politiques.

Ainsi, le système économique néolibéral actuel serait une évolution quasi naturelle de l’humanité. Il constituerait un horizon indépassable, quasi infini. C’est aller un peu vite en besogne et oublier que ce sont des femmes et des hommes qui font l’Histoire. L’idéologie qui rejette l’État providence, qui prône la dérégulation complète des marchés et la disparition progressive du secteur public au profit du privé n’est pas tombée du ciel. Elle a été portée au départ par des hommes et des femmes politiques tels que Ronald Reagan ou Margaret Thatcher, soutenue par des économistes de renom comme le prix Nobel Milton Friedman ainsi que par des acteurs économiques qui y voyaient leur intérêt. Que l’on soit un partisan ou un pourfendeur du néolibéralisme, il est indéniable qu’il est le fruit d’une bataille idéologique que la gauche a d’ailleurs perdue. Il n’est pas un simple « vent de l’Histoire » répondant à une destinée abstraite.

« En campagne, le candidat peut tout. Après, il s’adapte à la réalité », dit plus loin Hollande dans cette même interview, insinuant ainsi que le pouvoir politique a les mains liées pour agir sur le réel. Mais le président français oublie malheureusement un détail. Nos dirigeants politiques ont eux-mêmes mis en place les instruments de leur impuissance. Qui signe les traités de libre-échange? Qui autorise la libre circulation des capitaux ? Qui permet aux multinationales de payer moins d’impôts que les petites entreprises et les artisans? Heureusement, cette soumission du pouvoir politique au pouvoir économique n’est pas gravée dans le marbre. Le vent de l’Histoire peut toujours changer de direction.

Nicolas Klein (nklein@lequotidien.lu)

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