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Des armes à la paix

La date est fixée. Après des mois de tergiversations et de flou total, Theresa May a décidé que le 29 mars marquerait le début du divorce entre le Royaume-Uni et l’Union européenne, divorce qui va s’avérer a priori douloureux. Il faudra au grand minimum deux ans de négociations pour que la sortie soit effective. En attendant, le sort des Européens qui vivent au Royaume-Uni, et les Britanniques vivant en UE est toujours incertain.

La seule frontière terrestre avec l’UE se trouve en Irlande du Nord, frontière officiellement invisible depuis les accords de Paix du vendredi saint de 1998, dont l’un des signataires est décédé hier. Martin McGuinness a réussi le tour de force de passer de commandant de l’IRA à une figure politique incontournable de l’Irlande du Nord et de son processus de paix. Respecté de ses pairs côté lutte armée, il sera arrivé à faire la paix avec son pire ennemi, le Dr Ian Paisley, farouche unioniste qui a enterré la hache de guerre pour parvenir à la paix. Les deux hommes que tout opposait ont fini par devenir amis, et c’est Martin McGuinness qui venait encore visiter l’unioniste sur son lit de mort en 2014. Le nationaliste et fervent défenseur d’une Irlande réunifiée ira même jusqu’à serrer la main de la reine Elisabeth II en 2012. Tout un symbole. Ils se reverront en 2016 et quand ce dernier lui demande si elle va bien, elle lui répond : «Eh bien, je suis toujours vivante.» En effet, la reine aura survécu à Martin McGuinness qui ne verra pas de son vivant son île réunifiée.

Il aura cependant réussi à comprendre que c’est sur le plan politique que la paix allait pouvoir se jouer. Des années de compromis et de négociations pour arriver à une paix fragile entre deux communautés qui vivent encore aujourd’hui l’une à côté de l’autre. Pourtant, c’est cette frontière invisible qui fait en grande partie le succès de ces accords de paix. Le retour d’une frontière physique serait assimilé à des souvenirs encore trop douloureux. Mais comment faire autrement en cas de Brexit dur? Les Britanniques pourraient une nouvelle fois nous surprendre. Le feuilleton continue.

Audrey Somnard

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