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[Lux Film Fest] Douglas Kennedy : « J’ai découvert le monde à travers les films »


Douglas Kennedy (à d.) face à Bernard Lehut, mardi soir à Luxembourg. (photo CNA)

Dans la série célébrités, c’était mardi au tour de l’écrivain Douglas Kennedy de venir soutenir le Luxembourg City Film Festival.

Il est l’un des auteurs les plus adulés de ces vingt dernières années, trois de ses romans ont été adaptés sur grand écran. Douglas Kennedy a fait un détour par le Lux Film Fest. Au Quartier général, accompagné de Bernard Lehut, rédacteur en chef du service culture de RTL France, il a parlé de son amour du cinéma, de littérature et de l’importance de la culture. Extraits choisis…

Le cinéma

« J’avais sept ans, c’était New York, en 1962, juste avant la crise cubaine et c’était les 101 Dalmatians de Walt Disney dans un grand cinéma à Broadway, Le Palace, qui est devenu maintenant un théâtre pour les comédies musicales. J’ai grandi à Manhattan à l’époque où c’était encore un quartier principalement de classe moyenne.

Pendant mon adolescence, il y avait alors un grand nombre de petits cinémas indépendants. Je n’ai pas beaucoup voyagé avec mes parents, la première fois que je suis venu en Europe, je devais avoir 19  ans. Le cinéma, pour moi, est alors devenu mes voyages, j’ai découvert le monde à travers les films. J’ai découvert Paris grâce au cinéma de la Nouvelle Vague! J’ai découvert le monde scandinave à travers les films de Bergman. »

Un film

« Sans aucun doute, le film qui m’a beaucoup marqué, c’est Citizen Kane d’Orson Welles, il reste un des grands chefs-d’œuvre du cinéma. Lorsqu’on voit un film quand on a 15  ans, et puis qu’on le revoit 20, 30, 40 ans plus tard, on a un rapport différent. Pour Welles, j’ai réalisé plus tard qu’il a bouleversé le cinéma avec ce film, mais surtout il a dressé un grand portrait du succès américain.

C’est un grand film sur ce qu’est l’Amérique et surtout sur l’argent, le pouvoir, l’égoïsme, l’idée qu’il est impossible de trouver les autres. La question du pouvoir est très intéressante, surtout en ce moment avec notre propre Mussolini à la Maison-Blanche! »

Hitchcock

« Hitchcock et Chabrol m’ont beaucoup influencé. L’ombre d’Hitchcock me suit partout, il est complètement accessible mais psychologiquement si dense. Mon film préféré est Psycho mais aussi et surtout Vertigo . C’est un film assez taré, les couleurs sont complètement fausses. Psychologiquement, Hitchcock était un mastodonte, sexuellement obsédé par les blondes, il a su bien observer le puritanisme américain. Il y avait beaucoup de peur vis-à-vis du sexe à ce moment-là aux États-Unis. Les États-Unis ont commencé comme une expérience religieuse, ce sont des puritains qui sont arrivés au tout début, au XVII e siècle.

Franchement, c’était un peu les talibans de l’époque. Hitchcock a réussi à capter la psychologie des gens. C’est aussi quelque chose que je fais quand j’écris les personnages de mes romans. Au début, je réfléchis à quelles sont les choses pathologiques parce que tout le monde a des pathologies. Si quelqu’un me dit qu’il est tout à fait normal, je pense alors que c’est un scientologue! Tout le monde a un côté autodestructeur, tout le monde a des peurs et des doutes. Et ça c’est partout dans l’œuvre d’Hitchcock, donc, oui, il m’a beaucoup, beaucoup influencé. »

Roman ou cinéma

« Au début de ma carrière, lorsque j’étais à l’université, je voulais devenir metteur en scène de théâtre, mais je n’étais pas brillant. J’ai commencé à écrire et j’ai découvert que c’était ma voie. J’ai écrit un scénario, mais seulement pour moi-même. Je suis également un grand amateur de musique classique, je suis complètement fasciné par les chefs d’orchestre, mais pour cela il faut devenir un capitaine, c’est presque la même chose avec le cinéma. J’aime le fait d’être complètement indépendant. C’est moi-même et mon écriture.

Hier soir (NDLR : lundi), après le dîner, je suis retourné à l’hôtel et j’ai écrit jusqu’à 2  h du matin. Ça, c’est ma vie! L’écriture c’est très quotidien, je peux écrire partout. Quand on écrit un scénario, il faut penser comme le réalisateur. La structure est donc complètement différente. C’est très rare dans un scénario d’avoir une scène qui dure plus de trois pages.

Quand j’écris un roman, je ne prévois rien à l’avance. Dans un roman, il faut créer la voix de l’histoire, expliquer beaucoup de choses qui sont arrivées avant le début, avec le scénario, on n’a pas le temps. C’est passionnant, mais c’est différent. Un roman, c’est comme un mariage, alors que le scénario est une aventure. »

Mylène Carrière

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