C’était au tour de la Fédération des hôpitaux luxembourgeois de s’exprimer sur la loi hospitalière. Elle avoue avoir du mal à comprendre la grogne des médecins.
Après l’avis de l’Association des médecins et médecins-dentistes (AMMD), mercredi dernier, qui veut amender la loi hospitalière, la fédération des hôpitaux a plutôt joué la carte de l’apaisement et du dialogue constructif avec le gouvernement.
La Fédération des hôpitaux luxembourgeois (FHL) a donné lundi son avis sur le projet de loi hospitalière qui fait grincer des dents les médecins. Ces derniers avaient exprimé leur mécontentement la semaine dernière. Du côté des hôpitaux, c’est plutôt une volonté de transparence, de bonne organisation et de droit des patients qui est mise en avant. Le tout dans un contexte de dialogue constructif avec le gouvernement. Moins revendicatif, donc, et avec la volonté de rester en bons termes avec les médecins, piliers du système hospitalier.
L’organisation hospitalière est sujette à quatre contraintes essentielles : la qualité, la sécurité, la continuité des soins et le cadre économique, budgétaire. Cette considération, d’une importance primordiale pour chaque patient s’adressant à l’hôpital, requiert des moyens importants 24 h/24 ainsi qu’une organisation complexe. Le patient est en droit d’exiger le respect sans faille de cette organisation. Les directeurs d’hôpitaux exigent que le projet de loi n° 7056 relatif aux établissements hospitaliers et à la planification hospitalière leur permette de garantir ce cadre et, partant de ce constat, d’assumer leurs responsabilités organisationnelles.
Les trois piliers : patients, hôpitaux, médecins
Dans la situation actuelle, les trois piliers des hôpitaux, à savoir les patients, les hôpitaux eux-mêmes et les médecins, sont faiblement interconnectés, a estimé la FHL. L’organisation des établissements serait trop complexe, avec trop de contraintes, et pas toujours à même de concilier les droits des patients et ceux des médecins.
Le plus important pour la fédération est que la liberté d’offre thérapeutique reste une réalité pour les patients. Il y a toutefois lieu de ne pas interpréter la liberté thérapeutique comme une indépendance organisationnelle tout court, ce qui est inacceptable dans un hôpital soucieux de la qualité et de la sécurité pour le patient. L’achat et le choix du matériel médical doivent être basés sur des critères scientifiques définis par le corps médical, tout en respectant les règles procédurales que l’hôpital a définies dans l’intérêt du patient.
La FHL défend de ce fait les médecins qui, selon elle, doivent être rémunérés à leur juste valeur. «Des incitants financiers doivent être prévus pour les médecins confrontés aux contraintes liées aux gardes, astreintes et services intrahospitaliers de santé publique. Leurs missions administratives et organisationnelles doivent également être rémunérées, ce qui n’est pas le cas actuellement», estime la FHL.
L’organisation salue la mise en place d’une documentation de l’activité médicale en milieu hospitalier. Dans l’intérêt du patient, cette documentation garantit une transparence dans la prise en charge en recueillant des informations détaillées de l’activité médicale et de la pathologie traitée.
La FHL se voit comme un des acteurs du secteur, pas plus, pas moins que les autres : «Nous sommes impliqués depuis des mois dans un processus de consultation, au même titre que les médecins et la CNS» , a déclaré Paul Junck, le président du conseil d’administration de la FHL. Le projet de loi devrait être examiné en septembre prochain à la Chambre des députés.
Audrey Somnard