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Vous avez dit « tous pourris » ?

Que de similitudes entre les affaires Le Pen et Fillon. Les deux candidats à l’élection présidentielle française sont tous deux rattrapés par l’emploi présumé fictif d’attachés parlementaires. Le candidat de la droite aurait rémunéré son épouse pour une fonction qu’elle n’a peut-être pas exercée, tandis que la patronne de l’extrême droite aurait facturé à l’Union européenne les salaires d’employés du Front national. Fillon comme Le Pen dénoncent l’instrumentalisation politique de la justice, crient au complot politico-médiatique, une ligne de défense somme toute habituelle chez les responsables politiques mis en cause. La nouveauté en France réside plutôt dans l’appel au peuple contre la justice, dérive pernicieuse largement usitée par Silvio Berlusconi quand il était au pouvoir en Italie.

Face aux soupçons qui pèsent sur eux, Le Pen et Fillon ont aussi en commun d’être pris en porte-à-faux sur la probité dont ils se sont tous deux autoproclamés champions. «Imagine-t-on le général de Gaulle mis en examen?», raillait François Fillon à la veille de la primaire, visant Nicolas Sarkozy. Quant à Marine Le Pen, on ne compte plus ses diatribes sur la corruption et la trahison de la classe politique traditionnelle, elle dont le parti et plusieurs de ses caciques sont mis en examen pour des soupçons de financement illégal de campagne électorale.

Le plus grave est cependant ailleurs. Le Pen et Fillon sont plombés par des affaires qui, si elles se révèlent vraies, montrent l’incommensurable fossé séparant leurs paroles de leurs actes. L’ancien Premier ministre de droite défend l’austérité budgétaire, le désengagement de l’État. Mais quand il s’agit de son bénéfice personnel, il pioche dans la caisse publique les deniers dont il entend priver les Français par la réduction drastique des transferts sociaux. Le message tel qu’il est interprété par les électeurs est désastreux  : «Serrez-vous la ceinture pour que je puisse en profiter.» Quant à Marine Le Pen, elle ne saurait être plus claire  : l’Union européenne, elle ne l’aime pas et veut en sortir si elle accède au pouvoir. Mais dans le même temps elle ne dédaigne pas «vivre sur la bête», empochant l’argent européen pour engraisser son parti. Vous avez dit «tous pourris»?

Fabien Grasser

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