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Ils s’y voyaient déjà

Il se voyait déjà en haut de l’affiche», ironise un internaute dans un tweet moqueur ciblant François Fillon, le candidat à la présidentielle de la droite française, englué dans l’affaire des généreuses rémunérations octroyées à ses proches quand il était député et sénateur.

Nul doute qu’au Luxembourg aussi, il y en a qui s’y voient déjà, «en haut de l’affiche». Et ce n’est pas Marc Spautz, le président du CSV, qui nous contredira, lui qui peine à mobiliser les poids lourds du parti pour les élections communales d’octobre. Les mauvaises langues – et elles sont légion en politique – prêtent aux ténors chrétiens-sociaux des ambitions ministérielles incompatibles avec un poste de bourgmestre. Pourquoi les Reding, Engel ou Modert mouilleraient-ils la chemise pour un mandat local alors qu’ils lorgnent un maroquin ministériel après les législatives d’octobre 2018? Promettant déjà au CSV une majorité absolue, les sondages aiguisent les appétits. Et nourrissent les rivalités sur fond de petits et grands calculs, les uns tentant de refiler un strapontin de bourgmestre à tel autre qui se verrait lui aussi décrocher un mandat de député pouvant, qui sait, lui ouvrir les portes d’un ministère…

Mais comme toute équation, celle-ci comporte ses inconnues. La principale et non la moindre étant le résultat d’un scrutin qui se tiendra dans plus de 18 mois. L’histoire très récente appelle à la prudence, tant les schémas politiques traditionnels sont partout bousculés. Ici aussi, la classe politique est en proie à la défiance des électeurs. La poussée de fièvre démagogique et nationaliste révélée par le débat linguistique témoigne que l’on n’est jamais à l’abri de rien.

L’autre inconnue est l’attitude des électeurs à l’égard de l’actuelle coalition. Si le gouvernement Bettel/Schneider pèche peut-être par son style trop bobo urbain pour un électorat vieillissant, son bilan n’a rien à envier à ses prédécesseurs menés par le CSV. Économiquement, le pays ne va pas plus mal qu’en 2013, le chômage baisse et depuis ce mois, les salariés mesurent l’effet positif de la réforme fiscale sur leur fiche de paye.

Bien sage est celui qui ne vend pas trop tôt la peau de l’ours.

Fabien Grasser (fgrasser@lequotidien.lu)

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