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Racisme et appel à la haine sur Facebook : 9 mois de prison requis à Luxembourg


Parmi les commentaires incriminés : «Il faut que nous nous armions tous et nous défendions sinon on va tous y passer. Il n'y a pas de bon Arabe.» (photo AFP)

Le parquet de Luxembourg a requis neuf mois de prison et une amende à l’encontre du sexagénaire auteur de plusieurs commentaires de nature à inciter la haine raciale.

Les affaires de haine raciale et d’incitation à la haine se multiplient. Rien que cette semaine, six personnes différentes sont convoquées à la barre du tribunal correctionnel pour avoir tenu des propos haineux sur Facebook. Lundi après-midi, c’était au tour du premier prévenu de s’expliquer.

Le sexagénaire n’était toutefois pas là pour défendre ses propos. Début  novembre 2013, il avait commenté sur la page Facebook «Fir oder géint Asylantenheemer hei an Lëtzebuerg» un article de presse rapportant l’arrestation d’une bande de cambrioleurs. Dans son commentaire, il visait les demandeurs d’asile et suggérait notamment de «frapper les imbéciles de Luxembourgeois qui soutiennent ces ordures».Lors de son audition à la police, l’homme avait reconnu être l’auteur de ces lignes. « Il a dit avoir par principe un problème avec les criminels, que chaque pays aurait ses propres criminels et qu’on n’en aurait pas besoin de l’étranger », a rapporté l’enquêteur, entendu lundi. À l’époque, le sexagénaire avait fini par déclarer qu’il comprenait qu’on ne puisse tenir de tels propos. Et il avait promis de s’améliorer. Toujours est-il que cela ne lui a pas vraiment réussi.

Mi-juillet 2016, des propos sur le profil Facebook du sexagénaire, rebaptisé depuis sa première affaire, avaient de nouveau fini dans le viseur des enquêteurs. Il avait publié un lien vers un article de presse concernant un appel à témoins après une attaque au couteau au Kirchberg qui aurait été perpétrée par un homme à la peau noire. Voici ce qu’il avait inscrit sous sa publication  : «Bah comme toujours un nègre ces derniers sont cependant sous protection.»

Deux jours plus tard, il avait commenté un article sur les attentats de Nice  : «Bah on souhaite la bienvenue à toutes les ordures et cela empire. Il faut que nous nous armions tous et nous défendions sinon on va tous y passer. Il n’y a pas de bon Arabe.»

Enfin à la fin du mois, dans deux autres commentaires, il s’en était pris à l’islam. Devant les enquêteurs, il avait reconnu avoir rédigé ces quatre commentaires. Il avait expliqué avoir agi par colère et avoir des difficultés à faire la différence entre l’islam et les terroristes. Mais il prétendait ne pas être raciste.

À la demande de la présidente, l’enquêteur a précisé hier que les commentaires publiés sur son profil Facebook étaient publics, donc accessibles à tout le monde.

«La plaie du XXI e siècle»

Dans ces deux affaires, l’ASTI s’est constituée partie civile. Elle réclame deux fois le montant symbolique d’un euro pour les commentaires racistes et xénophobes ainsi qu’une indemnité de procédure de 2  000 euros. « Ce n’est pas la première fois que l’ASTI est amenée à intervenir dans des affaires de commentaires racistes », soulève son avocat, Me François Moyse, qui note que sur internet cette sorte de propos continue à s’aggraver. « C’est la plaie du XXI e siècle. » Il poursuit  : «La loi est là pour protéger la société contre les dérives d’expression. »

Pour la représentante du parquet, le prévenu a clairement visé un groupe de personnes de nationalité non-luxembourgeoise. « Ce sont des propos à inspirer le dégoût et la haine », a-t-elle considéré avant de soulever la « dangerosité de laisser passer de tels propos ».

Le substitut principal, Dominique Peters, note que normalement dans de telles affaires six mois de prison avec sursis sont requis. Or dans ce cas-ci, le prévenu est poursuivi pour deux affaires et il ne s’est pas présenté à la barre. Il n’y aurait par ailleurs pas eu de repentir et il n’aurait rien entrepris pour effacer ses propos tenus sur le réseau social.

Le parquet a finalement requis neuf mois de prison et une amende à l’encontre du prévenu. Comme ce dernier ne s’est pas présenté à la barre, il ne pourra pas bénéficier d’un sursis.

La 9e chambre correctionnelle rendra son jugement le 23 février. Ce mardi après-midi, elle doit se pencher sur quatre autres affaires d’incitation à la haine.

Fabienne Armborst

Un commentaire

  1. 9 mois à Schrassig, là au moins il pourra se plaindre qu’il y a trop de criminels autour de lui.

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