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SchoolLeaks : les enseignantes s’expliquent


"Je voulais que le débat soit lancé", a affirmé l'une des prévenues du procès SchoolLeaks à la barre mercredi. (Illustration : Archives LQ)

Au cinquième jour du procès SchoolLeaks, mercredi, il revenait aux enseignantes de s’expliquer. Elles voulaient dénoncer les problèmes de procédure.

Poursuivis pour avoir divulgué et révélé au printemps 2015 les sujets des épreuves communes du cycle 4.2 permettant le passage vers l’enseignement secondaire, trois enseignantes du lycée classique d’Echternach ainsi que le mari de l’une d’entre elles comparaissent actuellement devant la 18e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement.

« Ce n’était pas mon intention de porter préjudice aux enfants. C’était connu de longue date que quelque chose clochait au niveau de la procédure des épreuves communes du cycle 4.2. Je voulais dénoncer cela. J’ai agi sous le coup de l’émotion.» Ce sont les mots de la prévenue Tatiana K., mercredi matin à la barre. L’enseignante du lycée classique d’Echternach (LCE), poursuivie pour violation du secret professionnel, explique avoir appris le 16 mars 2015 que les enseignants du secondaire membres du conseil d’orientation avaient reçu dans leur casier l’enveloppe contenant les sujets des épreuves. «Je n’arrivais pas à le croire. Car je savais que toutes les épreuves n’avaient pas encore été passées.»

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Ne faisant elle-même pas partie du conseil d’orientation, elle avait appelé une collègue qui lui avait donné son accord pour qu’elle ouvre ladite enveloppe qui lui était adressée. «Il y avait trois épreuves communes qui n’avaient pas encore été passées : l’écoute française et les dissertations française et allemande. Cela m’a profondément choquée.» La prévenue explique avoir scanné, puis envoyé les documents à certains amis et connaissances ayant des enfants en classe de cycle 4.2. «Pour moi, c’était une question d’équité», note Tatiana K.

La prévenue Natacha F., également poursuivie pour violation du secret professionnel, partage la position de sa collègue à qui elle avait donné l’autorisation de rendre les documents publics : «Il n’est pas possible que les sujets sortent avant la fin des épreuves.»

Au parquet qui lui demande pourquoi elles n’ont tout simplement pas rédigé une note groupée au ministère de l’Éducation nationale, la prévenue répond : «Je faisais partie de commissions de programme. J’ai déjà écrit toute une série de lettres, de rapports… Mais jamais nous n’avons reçu de réponse du ministère.»

«Jusqu’en 2015, on n’avait jamais reçu les sujets avant la fin des épreuves communes», déclare la troisième enseignante du LCE qui se trouve sur le banc des prévenus. Danielle H. avait elle aussi découvert le 16 mars 2015 dans son casier la fameuse enveloppe contenant les épreuves communes. Une enveloppe qu’elle n’a jamais ouverte.

«Je n’ai incité mon mari à rien du tout»

«J’étais révoltée quand mes collègues m’ont dit ce qu’elle comportait. Je ne pouvais pas m’expliquer comment le ministère pouvait gérer de façon si légère les documents.» À son retour à la maison, elle avait découvert le courriel de sa collègue Tatiana K. et déduit que d’autres personnes avaient vraisemblablement aussi reçu les épreuves scannées. La prévenue explique avoir envoyé un courriel à son supérieur hiérarchique, à certains membres du ministère de l’Éducation nationale et aux inspecteurs. Enfin, elle avait appelé les parents des camarades de classe de son fils fréquentant à l’époque une classe du cycle 4.2. Car elle redoutait que ces derniers puissent penser qu’elle tricherait.

Pour la prévenue, une chose est claire aujourd’hui : «Si j’avais voulu tricher, cela n’aurait jamais éclaté au grand jour. Mais cela n’était pas une option pour moi. Les problèmes de la procédure devaient être dénoncés. Je voulais que le débat soit lancé.»

Comme à ses deux collègues, le parquet reproche à Danielle H. d’avoir divulgué et révélé les questionnaires. La prévenue conteste toutefois avoir envoyé une quelconque information par voie électronique. Au fil de son audition, elle a fait comprendre que théoriquement toute sa famille avait accès à son ordinateur ainsi qu’à sa boîte mail sur laquelle Tatiana K. lui avait fait parvenir les épreuves. «Je n’ai incité mon mari à rien du tout», précise-t-elle. Ce dernier, poursuivi pour recel des documents, n’a pas souhaité ajouter quelque chose à ses dépositions qui figurent dans le dossier. «Je veux profiter de mon droit au silence», s’est défendu, hier, Christian S. face aux juges.

L’avocat de la partie civile représentant l’État a parlé d’un «scandale gravissime» qu’a subi l’enseignement. «Je suis horrifié d’entendre qu’une enveloppe fermée avec le nom n’est pas considérée comme confidentiel.» Me Michel Molitor réclame un euro symbolique pour le préjudice subi et 5 000 euros d’indemnités de procédure. Un parent d’élève s’est aussi constitué partie civile et demande 5 000 euros pour son fils qui à l’époque avait dû se soumettre une nouvelle fois aux épreuves.

La défense plaide l’acquittement

La défense de Danielle H. plaide l’acquittement, car aucun élément du dossier ne viendrait corroborer une quelconque divulgation. Me Gaston Vogel parle d’un «fonctionnement défectueux du service public de l’Éducation nationale».

Me Frank Rollinger estime que son client Christian S. est à acquitter du recel. «Les documents adressés à Danielle H. sont des documents en format papier. À aucun moment, il n’a été en possession physique de ces documents.» Et selon l’avocat, aucun fait lié au courriel de Tatiana K. n’est visé par le réquisitoire du ministère public.

Le procès doit s’achever ce jeudi matin avec la fin des plaidoiries et le réquisitoire du parquet.

Fabienne Armborst

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