Pendant ce temps, à la COP13

Calice d’hostie de tabernacle! Ça continue. Cette fois-ci, c’est un symbole du Canada qui est en train de disparaître  : la population de caribous fond comme neige au soleil. La forêt boréale canadienne, vaste étendue glacée, voit ses hardes de cervidés menacées de disparition imminente.

Dans le même registre, en juin dernier, on apprenait qu’une autre espèce migratoire pourrait bientôt rejoindre les livres d’histoire, le papillon monarque. Célèbre pour ses impressionnantes migrations entre le Canada et le Mexique, elle a aussi été classée en voie de disparition.

Bref, l’hécatombe continue. Car ce genre de sonnette d’alarme retentit depuis des décennies. Pourtant, la disparition imminente d’un papillon et d’un cervidé n’émeut plus grand monde. Quand bien même on précise que l’espèce va aller grossir la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature, qui comptabilise –  excusez du peu  – près de 20  000  espèces menacées dans le monde.

C’est dans cette ambiance d’indifférence quasi générale que s’est ouverte dimanche dernier la 13 e  conférence des parties de la Convention sur la diversité biologique, à Cancun.

Cette «COP 13» de la biodiversité fera à coup sûr moins de bruit que la COP21 sur le climat. Pourquoi? D’abord parce qu’aucun engagement contraignant pour les États n’est attendu.

Et peut-être également parce que, pour l’instant, dans nos esprits, aucun drame planétaire n’est relié à la perte de biodiversité. Le carnage se fait surtout en marge de nos sociétés modernes, dans les forêts boréales, les océans, les prairies, aux abords de nos champs. Et puis, diront les plus cyniques, les espèces naissent et meurent, c’est la sélection naturelle.

Sauf que la disparition du caribou et celle du papillon monarque ont une origine semblable, et elle est artificielle. En l’occurrence, la prospection minière, l’exploitation outrancière des forêts, la pollution qui détruisent leur milieu naturel. La disparition de milliers d’espèces, c’est notre responsabilité, et à une échéance toujours plus réduite, notre avenir.

Romain Van Dyck