Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
L’Allemand de la Jeunesse a déjà fait taire toutes les critiques sur sa capacité à être un buteur aussi prolifique que ses prédécesseurs, Ibrahimovic et N’Diaye. Reste à durer…
Son investissement défensif, la volonté qu’il affiche, s’ils n’ont pas encore fait définitivement oublier la classe d’un N’Diaye ou l’abattage d’un Ibrahimovic, ont déjà largement contribué à faire passer la pilule de leurs départs successifs au F91.
La succession était lourde. Passer derrière N’Diaye, deuxième meilleur buteur de la saison 2015/ 2016 avec 24 réalisations et Sanel Ibrahimovic, meilleur buteur des deux saisons précédentes avec 21 et 22 buts, pour un attaquant, c’est l’angoisse.
D’autant que les statistiques de Patrick Stumpf, jusque-là, n’étaient pas non plus mirobolantes. Il y avait eu ces 23 buts inscrits en PH avec le RM Hamm Benfica en 2014/2015, mais la confirmation n’était pas venue, la saison passée : seulement 13 réalisations pour la remontée des Benfiquistes, avec une moyenne d’un but toutes les 158 minutes. L’Allemand, la plupart du temps, n’était même pas titulaire en pointe, où Mertinitz (venu avec lui à la Grenz) lui était même parfois préféré par Dino Toppmöller. Et puis le garçon, historiquement, était toujours resté dans le cadre d’un rendement médiocre, n’ayant jamais dépassé 11 unités en Regionalliga sur une saison (avec Idar-Oberstein, en 2012).
Alors forcément, vu que ces quatre dernières saisons, la Jeunesse avait mis tous ses œufs dans le même panier en misant sur une bonne organisation et un avant-centre performant, il y avait des doutes. Et Stumpf les a vite balayés. Cinq buts en autant de journées avec une cheville en vrac depuis les matches de Coupe d’Europe (avec un doublé à la clef contre St. Patrick’s), c’est du velours!
«Tout le monde a envie de le suivre !»
«Sans ce pépin, il aurait marqué plus, assure Greg Molitor, l’adjoint de Carlo Weis. J’ai joué face lui à l’entraînement. Quel athlète! Ça l’aide dans les duels. Et en plus il va vite. Mardi (NDLR : lundi) contre Rumelange, il m’a même étonné en partant parfois sur les côtés et en y étant très bon! Il me fait un peu penser à Philippe Dürrer (NDLR : ancien joueur du Swift et éphémère international, en 2005) pour son gros travail défensif pour l’équipe. Il fait les 20/30 mètres qui aident le bloc à défendre. En faisant ça, il donne un signe à toute l’équipe. Avec un tel abattage, tout le monde a envie de le suivre!»
«C’est vrai!, confirme Marvin Martins. On connaît tous la volonté des Allemands et la sienne est incroyable. Il nous montre qu’il a envie!»
L’envie ne suffira pas forcément à en faire un joueur à 20 buts, même si son opportunisme contre l’USR, un match lors duquel il reprend en déséquilibre un tir sur le poteau de Peters (0-3, 78e), est un indicateur intéressant. «Il joue à la Jeunesse maintenant! Plus à Hamm. C’est une équipe plus performante, on va l’aider à en marquer plus», relance Martins, auquel Molitor emboîte le pas : «Il n’aime pas trop courir à l’entraînement. Il se réserve pour les matches. On est loin de savoir tout ce qu’il a dans le ventre, mais je pense qu’il peut nous faire une saison complète. D’autant qu’ici, tout le groupe est derrière lui.» L’adjoint admet, de temps en temps, s’imaginer ce qu’aurait donné une association Stumpf-N’Diaye. Quand l’Allemand aura passé la barre des 15 buts, il ne se posera peut-être plus la question…
Julien Mollereau
